"On ne sera pas loin des 300 millions de bouteilles" vendues en 2004, un record, estime Jean-Marie Tarlant, vice-président du Syndicat général des vignerons, qui indique que sur les douze derniers mois, 295 millions de bouchons de bouteilles ont déjà sauté.
En 2003, seules 210 millions de bouteilles ont été produites, en raison des mauvaises conditions climatiques, alors que 293 millions ont été vendues.
Un an plus tard, les stocks ont été largement reconstitués à la faveur d'une vendange exceptionnelle en quantité et en qualité qui a poussé l'Institut national des appellations d'origine (Inao) a augmenter le rendement maximum à 14 000 kilos de raisins par hectare, 1 000 de plus que d'habitude.
"Potentiellement on a produit plus de 320 millions de bouteilles cette année : la Champagne peut aborder l'avenir avec sérénité", selon Jean-Marie Tarlant.
Même enthousiasme à l'Union des maisons de champagne, principal syndicat patronal : "la vendange a été époustouflante et avec une qualité tout à fait remarquable", assure Yves Bénard, président du syndicat, qui résume : "que ce soit pour la vendange ou pour les ventes, 2004 a été une très belle année".
Chez la maison Bollinger, l'heure est aux dégustations des vins clairs qui seront assemblés pour faire le champagne : "on a plaisir à goûter en tonneaux et en cuves", témoigne Mathieu Kauffmann, directeur de la production.
"On a de beaux arômes, de beaux fruités, ce sera très certainement un millésime", ajoute-t-il. En Champagne, ne sont millésimées que les meilleures années.
Seule région viticole à ne pas être en crise, la Champagne n'a pas à se soucier de ses ventes, boostées par la demande croissante de l'étranger (40 % des bouteilles sont exportées) et par les fêtes de fin d'année.
"Les dix jours qui viennent sont décisifs car c'est là que la consommation est la plus forte", explique Yves Bénard.
Chez Laurent-Perrier, on confie d'ailleurs volontiers que 40 % du chiffre d'affaires de l'année est réalisé entre mi-novembre et mi-janvier, notamment grâce aux cuvées de prestige qui sont très prisées à cette époque de l'année.
Tandis que le marché français, miné par les difficultés économiques, fait un peu grise mine (les ventes ont baissé de 1 % en volume ces 12 derniers mois), les pays européens, Grande-Bretagne en tête, apprécient de plus en plus la potion pétillante, avec une hausse du volume des ventes de 7 % entre novembre 2003 et novembre 2004.
Plus loin, ce sont surtout les pays asiatiques qui sont friands de champagne, les femmes japonaises devenant notamment des consommatrices assidues mais exigeantes, faisant de leur pays le septième consommateur mondial de champagne.
"Les Etats-Unis restent un marché soutenu malgré la faiblesse du dollar", précise toutefois Jean-Marie Tarlant.
Le champagne arrive encore à conquérir de nouveaux marchés : côté Asie, la Chine, Taïwan et la Corée du Sud sont séduits, tandis que la Russie et la Pologne, autrefois gros consommateurs de champagne (au début du XXème siècle), redécouvrent les précieuses bulles. |